Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monseigneur, pour satisfaire aux lettres qu’il
2vous a pleu m’envoyer concernantz l’aggression faicte
3ses jours passez à l’endroict du cappitayne Chastellard,
4votre seigneurie sera advertie que dès incontinent que
5j’euz advertissement dudit acte, je me saysis de
6la personne de celluy qui l’avoyt commis,
7qui se nomme Guillaume Robert dit Brunat, lequel
8moy-mesmes menay en noz prisons, où il est
9encores, et estant par moy examiné sur ledit
10faict, il a advancé que du temps que ledit sieur de
11Chastellard estoyt en garnison en ceste ville, logé
12en la maison dudit Brunat, qui pour lors estoit
13absent, il luy desbaucha sa femme, et non
14content de ce, l’emmena hors ladite ville,
15tellement que estant ledit Brunat de retour
16du pays de Savoye, où il s’estoyt retiré pendant
17les troubles, estant adverty dudit faict, a
18tiré en cause sadite femme par devant monsieur
19le vibally de Sainct-Marcellin, par devant
20lequel tant auroyt esté procédé, que ledit
21Robert, pour le maulvais gouvert de sadite
22femme, auroyt esté contrainct la quitter
23[v°] en hayne de quoy il dict que ledit sieur de
24Chastellard a dict en plusieurs lieulx qu’il
25dourroit deux centz esculz à celluy qui luy
26apporteroyt la teste dudit Brunat. Et sur
27tous ses faictz, il ha nommé un grand nombre
28de tesmoingstz, lesquelz j’ay commencé d’examiner
29à sa requeste, d’aultant qu’il ha advancé
30que lesditz propoz tenuz (comme il présupose) par
31ledit de Chastellard furent cause que, le trouvant
32en ceste ville et luy voulant demander s’il
33les avoyt tenuz, ledit de Chastellard mict la
34main à l’espée et ledit Brunat semblablement,
35ce que voyant, quelques soldatz ses voysins, enrollés
36soubz la charge de monsieur des Adretz, comme
37estoyt du temps dudit excès ledit Brunat,
38myrent aussi la main à l’espée en intention
39de les séparer, ainsi que résulte par la plus
40grand part des tesmoingtz que j’ay examiné par
41secrette information, tellement que j’attens d’avoyr
42parachevé l’enqueste d’office dudit Brunat pour
43en après faire droict, sur ce que résultera
44du procès par advis du conseil, comme il appertiendra.
45[fol.44] Et voylà, monseigneur, en bref, la substance
46de tout ce faict. S’il plaict à votre seigneurie,
47estant le procès instruict, avant le jugement
48d’icelluy je le vous envoieray et en feray
49comme il vous plaira ordonner, estant prest
50non seulement en cest endroict à vous hobéyr,
51mais aussi en tous les aultres qu’il vous
52plaira me commander de telle volonté que je
53supplie le Créateur,
54Monseigneur, vous donner en très bonne santé
55et prospérité, longue vie. De Romans, ce
56XXe juillet 1572.
57Votre très humble et hobéissant
58Serviteur
59A Guerin